Contexte :
Depuis plusieurs années, la question du respect de la parité horaire dans les classes de CP bilingues se pose, notamment par le temps dédié à l’apprentissage de la lecture très majoritairement conduit en français.
S’appuyant sur le fait que la lecture, qu’elle soit en français ou en langue régionale, se pose sur des invariants nombreux (convergences ?), des enseignant.es acceptent que leur classe soit observée sur le moment ; d’apprentissage de la lecture, discuter des préparations, des supports /outils mis en place.
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En Bretagne
1. Méthodes 2 langues avec une alternance hebdomadaire voire bimensuelle (pas bimestrielle)
Il n’y a donc pas de concomitance des écrits, ni des langues.
2. Priorité donnée à l’entrée en breton, la 1ère période est uniquement en langue bretonne.
3. 2ème méthode utilisée
Corse
L’apprentissage se fait majoritairement en français, l’entrée dans la lecture en corse se faisant « naturellement », Cependant une méthode existe, créée par un enseignant. Uniquement en langue Corse.
Bascoat
2 méthodes : 1 en fr, 1 en basque
Pas forcément complémentaires qui n’économisent donc pas le travail des enseignants en classe bilingue.
Notre objectif serait, tout en comprenant les enjeux pour les élèves et pour les enseignants, de produire/mutualiser des supports qui puissent être pertinents quelle que soit la méthode de lecture en fr.
Deux schémas à développer :
- Didactique : quelle programmation ? Quelles entrées ? Graphémique, phonologique, sens ?
- Pédagogique : quelle organisation des séances selon les périodes ? quels supports ?
Tout cela afin de favoriser une mise en place d’un apprentissage de la lecture concerté, dans les 2 langues.
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1 Rappel taux de fréquentation de la langue
2 Erreur de formulation : dans quelle(s) langue(s) vos élèves apprennent-ils à lire ?
Entrée phonologique :
Pilotis
Patati patata
Taoki
Cocoli
Entrée graphémique :
Je lis, j’écris
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Méthodes :
1 Autre non précisé car apprentissage par les albums
2 Autre non précisé (Taoki)
3
- Couleurs majoritairement différenciées pour aider à identifier la langue et les façons de travailler
- L’architecture des supports pas toujours identique à celle du fr mais l’important est de savoir si les compétences travaillées sont complémentaires ou identiques
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Commentaires des enseignantes
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Durant surtout la 1ère période, travail d’observation et d’analyse réguliers avec 2 binômes sur 2 classes de CP/CE1 à profils différents, que ce soit au niveau de l’organisation des enseignements que du « public-élèves ».
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Dans les 2 classes, un travail de discrimination auditive est l’activité de départ sur un nouveau son ou graphème.
Ici, images
L’apprentissage de la lecture en 2L se déroule comme l’apprentissage de 2 codes oraux : ce qui est commun aux 2 L se conforte dans chacune d’elle. On voit ici un traitement de graphèmes équivalents dans les 2 L.
Puis, on peut voir 2 choses :
- un graphème différent pour un phonème identique,
- et un graphème qui existe dans les 2 langues mais dont le phonème n’est pas commun. Nous verrons plus loin au moment des échanges les « traitements » différents qui pourraient être faits.
Ce qui est différent amène à apprendre ce qui se démarque en rapport à l’une ou l’autre L, en s’appuyant, souvent, sur la comparaison de celles-ci. On parle alors « d’analyse contrastive » cf. doc. 2010 Rita Peix :
« les données de chaque langue sont saisies plus facilement et plus nettement, puisqu’elles sont comparées et abordées de façon contrastive. Ainsi les différences et les points communs relevés permettent de mieux comprendre le fonctionnement des langues particulières. »1 Le bilinguisme du maître favorise la compréhension des erreurs des élèves. – Klaus Vogel Univ. de Gottingen
On verra plus loin quels déroulements de séances sont possibles.
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L'étude du code peut se faire conjointement avec des règles-couleur fréquentées dès la maternelle.
Dans certaines classes, les supports « cahier de codeS » sont communs : c’est un même cahier. Dans d’autres, ils sont différents.
Selon le résultat de l’enquête préalable (vue au début), les supports conçus par les enseignantes ne s’appuient pas toujours, comme ici, sur ce qui est développé dans les manuels de lecture en fr. Démarche, présentation du support. Il existe sur internet une multitude de propositions à analyser et choisir selon son profil d’enseignant.
Ils sont adaptés aux graphèmes et phonèmes rencontrés en occitan dont certains sont communs au français > renforcement des acquisitions.
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« Manuel d’apprentissage de la lecture » conçu par une des enseignantes
On y retrouve la démarche de la méthode en fr : Piloti :
- « Dictionnaire illustré » du son et graphème (les mots sont ceux qui ont été travaillés en séance de phonologie)
- Lecture de lettres (tout début d’année) puis de syllabes (début combinatoire)
- Lecture de mots (les lettres atones ou nasalisées sont grisées)
- Lecture de phrases
- Un ou plusieurs mots-outils que les élèves s’entrainent à écrire et à mémoriser le matin sur un temps « d’entrée » en classe.
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Proposition d’une programmation sur l’étude des phonèmes/graphèmes en français et en occitan à partir de la méthode COCOLI employée dans une des classes observée.
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Bénéfices de l'apprentissage de lecture en 2 langues :
« On n’apprend à lire qu’une fois » - Jean Duverger :
« Au niveau de l’apprentissage de la lecture, c’est à dire de la mise en place d’habiletés spécifiques à la lecture, cette décentration, cette déconnection par rapport à l’oral, et, en revanche, cette concentration, ce déplacement des activités intellectuelles de l’apprenant vers la relation entre deux écrits, sont sans doute de nature à favoriser l’émergence de la conscience graphique. »
Comme à l’oral, le bilingue ou plurilingue n’a à apprendre que ce qui est différent : code/sons. Le fait de rencontrer ce qui est commun renforce ces acquisitions dans une langue comme dans l’autre.
- Cummins (1981), les enfants à qui on enseigne à lire dans une 2ème langue, développent simultanément les compétences cognitives et linguistiques sous-jacentes communes aux deux langues
- Compétences en décodage élevées, fluidité de lecture en fin de cycle 2 +++ selon la transparence de la langue
Existence de méthodes diverses en langue régionale (breton – basque – languedocien) : mais apprentissages pensés dans une seule langue et non en complémentarité l’une avec l’autre : travailler à un apprentissage complémentaire en 2 langues
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De la difficulté d'apprendre à lire en 2 langues...
Il est plus aisé pour l’enfant d’entrer dans un code simple dit « transparent », l’aisance qu’il en acquerra lui permettra d’appréhender un code moins transparent avec plus de facilités.
« […] un certain nombre d’études menées, chez des enfants monolingues, sur l’influence, du degré de transparence du code orthographique, sur l’acquisition du langage écrit, démontrent que la transparence du système, dans lequel l’enfant apprend à lire et écrire, a un impact sur la rapidité avec laquelle il maîtrise ces activités. Ainsi, en début d’apprentissage de la lecture, les enfants anglophones lisent moins rapidement et moins précisément que les enfants germanophones (Wimmer & Goswami, 1994), que les enfants francophones du même âge, voire plus jeunes (Bruck, Genesee & Caravolas, 1997), ou encore que les enfants parlant le gallois (Ellis & Hooper, 2001). […]
D’autres données suggèrent que chez des enfants bilingues qui apprennent à lire dans deux langues, il pourrait y avoir un transfert positif des règles de conversion de l’orthographe la plus transparente vers l’orthographe la moins transparente. Da Fontoura et Siegel (1995) montrent que des dyslexiques bilingues anglais-portugais qui ont appris à lire en anglais et en portugais, lisent mieux l’anglais que les dyslexiques monolingues anglais. D’Angiulli, Siegel et Sierra (2001) en arrivent aux mêmes conclusions avec de mauvais lecteurs bilingues anglais-italiens, comparés à de mauvais lecteurs monolingues anglais. »
Réf. : https://books.openedition.org/pur/60434?lang=fr Presse Universitaire de Rennes : L’APPRENTISSAGE DE LA LANGUE ÉCRITE – Nathalie Marec-Breton, Anne-Sophie Besse, Fanny De La Haye et al. (2009) Open éditions - §4
En maternelle et CP, le transfert des compétences de L+ vers LFr compense les heures en moins en LFr
Réf. « Learning to read en 2 languages : empêchement ou facilitateur ? » 2011 Rhonda Joy (Université Labrador - Canada)
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Possibilités d’entrée dans la lecture, que ce soit en langue fr ou òc au cours du 1er trimestre ?
Comment cela peut évoluer dans l’année ?
Quid de la compréhension dans les 2, 1ères entrées ?
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Ce qui est le plus rencontré selon l’enquête :
-Entrée phonologique :
- Activités autour de tri d’images – devinettes dont les réponses ont le son recherché
- Identifier, reconnaître, nommer le graphème qui fait le son travaillé
- Écrire des mots contenant le phonème et le graphème
- Lire des syllabes, des mots, de courtes phrases qui permettent le réinvestissent d’apprentissages antérieurs et présent
- Écrire sous la dictée
- Entrée graphémique : reconnaitre les graphèmes parmi d’autres
- Entrée par le sens
Dans les différentes séances observées, l’entrée se fait en 1er lieu par le son puis, dans la même séance, le graphème est amené afin que l’association soit quasi simultanée.
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Exemple d’essai d’écriture à l’issue d’un tri d’images contenant le son [g]
L’écrit doit être présent tous les jours, sous au moins 2 formes voire 3 :
- Geste d’écriture
- Écriture en rapport avec les phonèmes/graphèmes travaillés (avant et maintenant)
- Production d’écrit seul ou à plusieurs (référents d’écrivain individuels ou collectifs) ou dictée à l’adulte
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Bancas de mots :
-Imatges
-Mots per grafèmas > plaça dens las sillabas
-Mots per fonèmas
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